
Introduction à la
musique celtique en IME
Manon Oudard, Méline Sourjac
et Antoine Launay
– Introduction –
Bonjour !
Nous sommes Manon Oudard, Méline Sourjac et Antoine Launay, trois étudiants du Cefedem Aura de la promotion 2023-2025.
Notre action de médiation a pour objectif de faire entendre et jouer de la musique (celtique) aux jeunes d’un IME. Elle se déroule en 6 séances d’une durée variant entre 40 minutes et 1 heure.
Au sein de nos séances, nous avons un douzaine de jeunes, divisés en deux groupes. La tranche d’âge du premier se situant entre 5 et 6 ans, et entre 7 et 8 ans pour le deuxième. Il y a dans ces groupes différents profils de handicaps, aboutissant à diverses réactions face aux activités que nous leur proposons. Elles convoquent des éléments nouveaux pour les jeunes : nouveaux intervenants, écoutes musicales, expérimentation avec des instruments, etc. Ces nouvelles sensations et ressentis exprimés sont particulièrement intéressants à observer et nous aiguillent pour faire évoluer nos séances futures. Notre action a également pour but de nous aider à faire évoluer notre pratique d’enseignement.
LIEU : IME Mathis Jeune de Vaugneray
Fondation OVE
Personne référente : Fabienne GASPARD – enseignante au sein de l’IME<
– Genèse du projet –
Cette volonté de partager notre attrait pour la musique, avec des jeunes issus d’une structure médico-sociale, nous vient de notre positionnement face à certains apprenants aux profils atypiques évoluant dans nos cours de musique. En effet, un enseignant n’est pas toujours formé sur la façon d’adapter son cours et la transmission de savoirs face à des jeunes porteurs de handicaps. Nous avons tous les trois une volonté forte de connaitre les enjeux qui se jouent lorsqu’on confronte ses jeunes avec notre métier.
A travers ce billet de blog, notre volonté est de partager notre expérience mais également nos ressentis et notre démarche derrière cette action de médiation. Nos séances se divisant en plusieurs grandes activités, ce retour d’action reprendra à l’écrit ces différentes activités sous forme de chapitres afin de reconstituer la structure d’une séance.
Nous n’avons pas eu les autorisations pour publier des photos, des vidéos ainsi que des audios, c’est pourquoi aucun média ne sera intégrer dans ce billet de blog.
– ARRIVée à l’ime –
Nous arrivons à l’IME immédiatement accueillis par des jeunes de l’institut se promenant dans la structure. Certains ne prêtent pas attention à notre présence, d’autres se rapprochent rapidement pour nous demander qui nous sommes et ce que faisons-nous là ? D’autres se rapprochent de nous rapidement en nous demandant : qui êtes-vous ? Que faites-vous là ? Nous leur expliquons que nous sommes musiciens. Pour la plupart, ils sont très intrigués, ils veulent savoir quels instruments nous jouons ou si l’on chante. C’est une première rencontre pour nous tous inattendue !
Sans tarder, nous rejoignons la salle prévue pour accueillir les deux groupes de jeunes de l’IME avec qui nous allons mener notre action. Nous préparons l’endroit succintement, poussons des tables, créons un rond avec des chaises, accordons la guitare et refaisons un dernier point rapide sur nos séances.
– ECOUTE –
Cette première activité se veut une introduction à la séance. Plonger les jeunes dans l’univers musical que nous allons ensuite développer avec eux. Malgré que ce soit une simple écoute, nous ne voulons pas d’une activité passive. La musique utilisée pour cette première écoute s’intitule Fee Ra Huri du groupe OMNIA. C’est une musique avec un tempo rapide et qui fait entendre de la flûte, du tambourin, de la guitare, du didjeridoo, de la harpe et de la voix. Avec le groupe des 7-8 ans, nous leur demandons s’ils reconnaissent certains instruments. Cela fonctionne bien avec les plus grands qui essayent d’être attentifs afin de réussir à identifier les sons ! Néanmoins, nous observons plus de difficultés avec le groupe des plus petits. Le changement d’environnement (salle différente que d’habitude), la disposition (tous en cercle face à face), ainsi que le simple fait de voir de nouvelles têtes les sortent de ce qu’ils ont l’habitude de faire les jeudis. Durant cette activité, beaucoup de jeunes n’osent pas tout de suite nous regarder et parler.
Beaucoup de réactions sont observables au cours des séances et de ses écoutes introductives. Dans le premier groupe, certains jeunes se balancent, d’autres se cachent les yeux, d’autres encore ne bougent pas. Il y a également une jeune qui, quelques secondes après le début de la chanson, se met à pleurer, et ce jusqu’à la fin de l’écoute !
Dans le groupe des plus grands, la plupart des réactions sont en opposition avec le précédent. Il y a des rires, des sourires, du chant, et de vives interrogations quant aux instruments présents dans la musique. Un des jeunes ne peut d’ailleurs pas s’empêcher de chercher leur nom.
Durant le temps d’écoute, nous avons pour volonté d’inclure les jeunes avec nous dans la séance. Le regard s’avère très important pour parvenir à cela. Regarder les jeunes, leur sourire, montrer que l’on apprécie la musique permet avec certains de les mettre en confiance et de les impliquer davantage dans l’écoute.
Nous décidons de commencer toutes nos séances de la même manière afin d’installer une certaine routine. Au fur et à mesure des séances, nous ressentons que les jeunes sont plus attentifs et ont l’air pour la plupart de reconnaître la musique. Au cours de la dernière séance, la jeune du groupe des plus petits ne pleure plus lors de l’écoute (ni lors des temps de jeu durant le reste de la séance) !
– INSTRUMENTS –
Juste après l’écoute s’en suit un moment où nous présentons un à un les instruments présents dans la musique : guitare, tambourins et flûte. Nous disposons également, au milieu du cercle, des images d’un didgeridoo et d’une harpe, que nous n’avons pas pu ramener, et qui sont respectivement comparés à la flûte et la guitare, instruments où l’on souffle et où l’on gratte.
Chacun notre tour et toujours dans le même ordre, nous allons vers les jeunes encore assis en cercle pour leur faire essayer les instruments. Là encore, beaucoup de réactions sont observées : de la peur, des étonnements, des questionnements, etc. Quelques jeunes ne veulent pas tout de suite s’approcher ou toucher les instruments. Un des jeunes, dans le groupe des grands, nous confie qu’il « ne se sent pas à l’aise », qu’il « n’aime pas ça », qu’ils « trouve ça bizarre ». D’ailleurs, lors du deuxième jeudi, lorsqu’il aura la guitare en mains, son attention se portera sur l’exploration de l’instrument afin de trouver un son induisant une sensation qui lui plaît. Lors de la troisième séance, il continuera cette exploration en grattant les cordes de la guitare ainsi qu’à tapoter doucement avec ses doigts sur le tambourin.
Durant ce tour de présentation, nous tenons les instruments devant eux en leur proposant simplement de poser leurs mains sur la caisse de résonance de la guitare, ou en essayant de boucher les trous de la flûte. Ces premières réactions laissent place peu à peu à d’autres plus positives qu’au cours des autres séances. Les jeunes prennent progressivement confiance envers nous et les instruments. Ils se laissent tenter par tapoter, frotter, gratter et même. Une jeune, lorsqu’elle a la guitare entre les mains, se met à chanter « Une chanson douce » presque intégralement. C’est un moment incroyable où les autres jeunes sont très attentifs. La jeune fille en question, qui tient habituellement difficilement en place, se touve beaucoup plus apaisée en chantant.
Pour la guitare, afin d’obtenir un accord harmonieux, Antoine l’accorde préalablement en Ré Majeur (D – A – D – F# – A – D).
Avec la flûte, pour des raisons sanitaires, les jeunes ne peuvent pas la porter à la bouche. Manon leur explique qu’en appuyant sur les trous de l’instrument, ils peuvent en modifier le son. Elle leur propose alors d’essayer eux-mêmes. Comme ils ne bouchent souvent qu’un seul trou à la fois, c’est à Manon de boucher les autres pour permettre une réelle variation sonore.
Enfin, Méline leur présente le tambourin et les nombreuses façons de le jouer (avec les doigts, avec une baguette, dessus, dessous et sur le cercle). Il est rassurant pour les jeunes de pouvoir produire un son avec simplement leurs doigts et de ne pas être obligé de se saisir d’un élément tiers, en l’occurrence la baguette.
Dans les séances qui suivent, nous pouvons observer que certains jeunes, réticents la semaine précédente, se sont ouverts à nous plus rapidement cette fois-ci. Cependant même le dernier jour, certains d’entre eux n’auront toujours pas eu l’envie de s’en saisir.
Les éducatrices et enseignantes jouent un rôle essentiel dans cette activité, car elles contribuent fortement à instaurer un climat de confiance entre les jeunes et nous. Lorsqu’un jeune semble hésitant face à l’instrument, elles nous incitent à rester présents, même s’il ne souhaite rien faire dans l’immédiat. Elles s’adressent à lui avec douceur, l’encourageant à essayer à sa manière. Jouer quelques notes devant eux peut parfois susciter l’envie d’essayer. Pour d’autres, il suffit simplement d’attendre, sans insister.
– MOUVEMENT –
Afin de créer du dynamisme tout au long des séances, nous leur demandons ensuite de se lever. L’idée de cette activité est de faire découvrir un autre morceau, de manière plus active que l’écoute du début, ainsi que d’autres instruments tel que le violon. Nous commençons avec un petit échauffement consistant à tourner nos mains, faire balancer nos bras, ou encore marcher en essayant d’utiliser tout l’espace de la pièce, sur la musique Lord of the Dance de Ronan Harriman. Il n’est pas naturel pour la plupart des jeunes de marcher seul. Certains se regroupent vite, parfois à côté des enseignantes et éducatrices, parfois à côté de nous.
S’en suit le jeu des statues (marcher sur la musique et ne plus bouger lorsqu’elle se coupe), jeu facile à comprendre et qui est tout de suite très bien accueilli par les deux groupes. Au cours de la première séance, les jeunes nous observaient pour savoir s’il fallait s’arrêter ou pas, sans prêter attention à la musique. Durant la deuxième séance, ils prêtaient plus attention à la musique et lors de la troisième, quelques jeunes commencent à se déplacer seuls dans la salle.
Certains d’entre eux s’ouvrent lors de ce temps en marchant à côté de nous, parfois même en nous tenant la main ou en nous faisant un câlin. Cela participe grandement à faciliter le contact. Le même jeune, qui ne se sentait pas à l’aise lors de la présentation des instruments, nous remercie désormais un par un après cette activité en nous disant qu’il se sent beaucoup mieux et qu’il a aimé avoir pris part à l’activité.
Constatant que le jeu des statues a facilement fonctionné et pour inclure davantage les jeunes, nous souhaitons maintenant former une ronde en nous tenant la main. L’idée est de se rapprocher d’une chorégraphie, élément caractéristique de la musique celtique. Les éducatrices et enseignantes sont surprises à quel point il est facile de constituer la ronde puis de tourner dans un sens puis l’autre, vers le centre puis vers l’extérieur. Dès la deuxième séance, les jeunes réclament la ronde. Une des jeunes du groupe des plus grands souhaite même prendre le lead et choisir à quel moment et dans quel sens elle souhaite faire tourner la ronde.
Une des problématiques rencontrées lors de cette activité est la difficulté d’un jeune à réussir à se mouvoir dans l’espace, d’autant plus que le sens de rotation de la ronde change souvent. Il a du mal à marcher vite et nous penons donc le temps de procéder par mimétisme. Il est très important de faire comprendre aux autres qu’il faut l’attendre pour que la “chorégraphie”, qui est collective, soit réussie.
– MÉLODIE –
Pour initier les enfants à la notion de mélodie, nous choisissons d’utiliser les Boomwhackers, des tubes colorés de différentes tailles, chacun produisant une note précise de la gamme de Do. Ces tubes, faciles à manier, sont choisis par les enfants en fonction de leur couleur préférée ou de leur taille. Nous leur montrons qu’ils peuvent jouer de différentes manières : en frappant le tube au sol, sur une chaise ou même sur leur propre main. Cette liberté d’exploration permet à certains jeunes, moins à l’aise avec les instruments présentés en début de séance, de prendre confiance en s’installant où ils le souhaitent dans la pièce, parfois dans un coin ou sous une table, et de jouer à leur façon. L’enthousiasme exprimé par certains lorsqu’ils décident de nous montrer leurs découvertes s’avère très stimulant pour l’ensemble du groupe.
Une fois l’activité lancée, nous leur proposons différents jeux. Le premier consiste à disposer au sol des feuilles avec des ronds colorés correspondant aux couleurs des Boomwhackers, créant ainsi une partition visuelle et modulable. Les règles sont simples : chaque enfant doit frapper qu’un seul coup et attendre son tour, ce qui permet de travailler la patience et l’écoute, capacités souvent difficiles à acquérir pour eux. Règles simples mais leur demandant beaucoup de concentration. Les jeunes ont par exemple du mal à bien attendre leur tour sans jouer. Progressivement, et avec l’accompagnement des éducatrices et enseignantes, ils réussissent à respecter ces consignes, à écouter les autres et à jouer ensemble. Dans un second jeu, un enfant est chargé de modifier l’ordre des couleurs, créant à chaque fois une nouvelle partition que nous lisons ensuite ensemble. Cette activité a pour but de renforcer leur concentration et leur implication, surtout lorsque nous introduisons la possibilité de doubler certaines couleurs, rendant l’exercice plus dynamique et stimulant.
Lors de la dernière séance avec les plus petits, nous expérimentons une activité de transmission du son : il s’agit de se passer le son en frappant le Boomwhacker de son voisin. Au même titre que la ronde, la transmission du son peut s’effectuer dans différents sens de rotation, ou plus librement. Nous essayons au maximum de faire varier les rôles en donnant l’opportunité aux jeunes qui reçoivent uniquement le son de le transmettre à leur tour, et à ceux qui le donnent au départ, de réussir à attendre de le recevoir. Cette activité nécessite de l’attention, de la coordination, de prendre conscience de l’autre et de la patience, tout en renforçant la cohésion du groupe autour d’un jeu musical collectif et ludique et évolutif. Les parties “Mouvement” et “Boomwhackers” ont parfois été interverties en fonction de l’attention et de l’envie des jeunes.
– TAMBOURIN –
Lors de la troisième séance, nous profitons d’avoir plusieurs tambourins pour proposer une activité collective, en lien avec les exercices précédents sur les instruments, mais cette fois-ci centrée sur l’écoute et la synchronisation de groupe. Pour enrichir l’expérience, nous introduisons une nouvelle musique, caractérisée par des variations de tempo et d’ambiance (passages calmes, doux, moments plus forts, instrumentation légère ou dense). L’objectif est d’inviter les enfants à suivre le tempo en frappant leur tambourin, tout en adaptant leur manière de jouer selon l’ambiance musicale : utiliser les doigts pour les passages calmes, jouer plus fort avec la baguette lorsque la musique s’accélèrent, etc. Nous intégrons également des pauses musicales, à la manière du jeu des statues, pour solliciter leur attention et leur réactivité. L’activité rencontre un franc succès et la plupart des jeunes se calent relativement facilement sur le tempo, que ce soit en nous regardant, en nous imitant et/ou en écoutant attentivement la musique. Malgré cela, s’adapter aux changements d’ambiance en variant les modes de jeu se révèle plus complexe. Certains jeunes, une fois engagés dans un rythme ou dans une dynamique, ont du mal à s’arrêter pour repartir vers un autre tempo, une autre nuance. Néanmoins, plusieurs d’entre eux nous impressionnent par leur capacité à rester en rythme et à maintenir une grande stabilité tout au long de l’exercice.
– ECOUTE –
La dernière partie de chaque séance est consacrée à un moment d’écoute calme, pensé pour permettre aux enfants de se détendre et de faciliter la transition avec l’activité suivante. Contrairement à l’écoute plus dynamique du début, ce moment vise à apaiser le groupe. Nous avons choisi une musique plus douce, La Casa Nupcial d’Emian, qui par son ambiance sereine, favorise le relâchement et l’apaisement des jeunes. Nous leur proposons de fermer les yeux s’ils le souhaitent et de simplement écouter et se laisser porter par la mélodie. Certains restent immobiles, d’autres laissent leurs mains effectuer librement des mouvements dans l’air, et quelques-uns se relâchent complètement sur leur chaise, allant jusqu’à bâiller.
A la fin de l’écoute de cette musique lors de l’ultime séance, plusieurs enfants s’émeuvent, certains sont tristes à l’idée qu’il n’y aura plus d’atelier musical, mais sont également heureux et reconnaissant d’avoir partagé ces moments. Nous les rassurons du mieux que nous pouvons en expliquant que les enseignantes et éducatrices vont poursuivre ces temps musicaux et que nous allons essayer de revenir les voir en fin d’année. Les professionnelles nous demandent d’ailleurs la playlist utilisée afin de pouvoir utiliser les mêmes musiques que durant notre action. C’est un moment touchant, certains enfants viennent nous faire des câlins, d’autres repartent avec un grand sourire comme s’il ne s’était rien passé, d’autres encore nous posent des questions, tant sur la musique que sur notre repas du midi ! Leur retours sont pour nous le meilleur témoignage positif de cette parenthèse musicale avec eux.
Dès les deux premières séances, des questionnements et réflexions sont apparus quant à notre métier d’enseignant malgré le fait que nous sommes confrontés majoritairement à un public non porteur de handicaps. “Où est la limite de chaque jeune par rapport à sa zone de confort (développer zone de confort) ainsi que sa motivation envers ce qu’on lui propose ?”, “comment réussir à instaurer un climat de confiance avec comme objectif la participation des jeunes/apprenants ?”, etc..
– CONCLUSION –
Ce projet en IME a été bien plus qu’un simple cadre d’intervention artistique. Il a été une expérience de transformation personnelle et collective, qui nous a profondément marqués, chacun à notre manière. Avant même la première séance, il y avait du stress, des doutes, une vraie inquiétude : serons-nous à la hauteur ? Comment ces enfants, que nous ne connaissons pas, vont-ils accueillir la musique, nos propositions, notre présence ?
Nous avions préparé des séances structurées, des idées d’activités, des objectifs pédagogiques. Mais dès les premiers échanges avec les jeunes, nous avons compris que l’essentiel était ailleurs. Ce n’étaient pas nos plans allaient guider les choses, mais les réactions des enfants, leurs disponibilités, leur humeur du jour. Il a fallu apprendre à s’adapter en permanence, à écouter vraiment, à improviser avec bienveillance. Nous avons découvert que ce projet ne reposait pas tant sur ce que nous allions enseigner que sur notre capacité à créer du lien. Un regard, un sourire, un geste hésitant pouvaient suffire à enclencher une dynamique. Et parfois, simplement attendre, laisser de l’espace, observer. Être présent, vraiment. Dans ces moments-là, on comprend que la musique est avant tout un langage relationnel, pas uniquement artistique.
Certaines évolutions nous ont bouleversés. Comme cette jeune fille qui pleurait dès qu’elle entendait de la musique au début, et qui, quelques semaines plus tard, participait pleinement aux activités, avec envie et énergie. Ces petits déclics sont devenus de grandes victoires. Ils nous ont rappelé que le simple fait d’oser, de rester, est déjà un accomplissement pour beaucoup d’enfants en situation de handicap. Le rôle des éducatrices et enseignantes a aussi été fondamental. Leur présence constante, leurs mots rassurants, leur soutien dans les séances ont permis d’instaurer une véritable confiance, aussi bien pour les enfants que pour nous. Leur implication a donné au projet une continuité précieuse? Et le fait qu’elles aient poursuivi certaines de nos propositions musicales est venu confirmer que ce que nous avions semé avait du sens et surtout un avenir. Nous ne pensions pas en recevoir autant. Et pourtant, ces enfants nous ont beaucoup transmis. Ils nous ont appris à ralentir, à revoir nos attentes, à reconnaître les signes d’attention, même discrets. Ils nous ont appris à accueillir les imprévus sans les craindre, à être créatifs dans le flou et à trouver de la joie où on ne l’attendait pas.
Cette aventure a aussi renforcé nos liens en tant qu’équipe. Chacun a su trouver sa place, apporter sa couleur, soutenir les autres quand c’était nécessaire. Il y avait une vraie écoute entre nous, une entraide sincère et cela s’est ressenti dans la qualité des séances. Aujourd’hui, nous repartons avec un regard transformé. Sur la musique, bien sûr, mais aussi sur notre rôle de musicien.ne, de pédagogue, d’adulte face à la différence. Ce projet nous a fait sortir de notre zone de confort, mais il nous a surtout montré à quel point la musique peut rassembler, apaiser, valoriser, émouvoir. Même dans sa forme la plus simple, elle crée du lien, du vivant, de l’échange.
Ce que nous avons vécu là ne s’écrit pas dans une fiche de séance. Cela se vit, s’éprouve et reste une expérience inoubliable, qui continuera de résonner longtemps en nous.
– REMERCIEMENTS –
Nous tenons à remercier chaleureusement Souad Boumerzoug pour son accompagnement tout au long de ce projet au sein du CEFEDEM, pour ses conseils, son écoute et sa bienveillance.
Merci également à Julia Lemery pour son soutien constant, ses recherches, ses retours constructifs et sa présence précieuse à chaque étape de la mise en place du projet.
Un grand merci à Fabienne Gaspard pour son accueil chaleureux, sa gentillesse et son accompagnement auprès des jeunes et de nous avoir partagé sa passion pour son métier. Sa disponibilité et sa confiance ont grandement facilité notre intégration à l’IME.
Nous remercions aussi toutes les personnes présentes lors de nos séances, pour leur bienveillance, leur curiosité et leur investissement. Leur implication a été essentielle à la réussite de cette aventure.
Et enfin, un immense merci aux jeunes, pour leur engagement et leur enthousiasme, ainsi qu’aux parents, pour leur confiance et leur ouverture. Grâce à eux, ces moments musicaux ont pu exister et prendre tout leur sens.Paragraphe par défaut
